Cela fait déjà quelques temps que je vois sur les réseaux quels qu’ils soient, de magnifiques objets créés, peints, sculptés, sur lesquels de l’or a été déposé et ensuite appelés « kintsugi ».
De la comptabilité à la peinture, de l’art au coaching, tout devient kintsugi dès lors qu’il rend beau ce qui aurait pu être jeté.
Cela me questionne sur le sens du mot et tout son symbole.
Ce qui me dérange, c’est la réduction du kintsugi à mettre de l’or sur une rature, une réparation, quelque chose qui aurait été jeté sans ça.
Mais le kintsugi est une technique, et dans cela il y a le processus, le temps, la manière, et la qualité du travail de l’artisan.
Le kintsugi est une technique de réparation de la céramique (du bois, du verre ou du métal). Cela implique que l’objet était en morceaux.
Ensuite, par le travail, l’utilisation de l’urushi (produit de base du kintsugi, et sève d’un arbre) les morceaux sont remis ensemble. Puis, consolidés, et finalement montrés.
Cette technique montre la cicatrice. Soit avec l’urushi seul (noir ou rouge) soit avec du bronze, de l’argent, de la coquille d’œuf ou de l’or.
Mais je crois que c’est là qu’il y a malentendu. Résilience ne veut pas dire « ah tu vas bien ! » cela veut dire « ah, tu as traversé des déserts, des nuits sombre et tu en as fait une de tes forces ! »
Kintsugi ne veut pas dire « oh c’est beau l’or sur quelque chose que je ne voulais pas au départ !» cela dit « vois ma cicatrice, elle parle de mes guerres, et celle-ci m’a fait particulièrement mal, alors j’ai mis de l’or dessus, pour vénérer ce chemin ».
Le kintsugi s’inscrit dans la philosophie du wabi sabi, la beauté de l’imperfection, de ce qui est vieux, de ce qui est cassé. Donc cela montre l’imperfection et ne la rend pas plus belle, plus douce à vivre ou plus acceptable.
MONTRER l’imperfection, je crois que c’est dans ce mot que réside le secret du kintsugi, et sa beauté. Cela oblige à changer le regard sur la vie et les choses et non pas à transformer la vie en quelque chose de plus « agréable ».
Dans le kintsugi, il n’y a pas l’injonction d’être beau, d’aller mieux, d’être heureux, dans le kintsugi il y a la proposition de changer ma manière de voir la vie, les évènements et d’y chercher la beauté, cachée, transformée, inattendue et surtout hors des chemins de l’esthétique. Cette beauté qui me touche au plus profond de mon être, qui me fait frémir et qui me fait me sentir vivante parce qu’émue.
Voilà, c’est ça le kintsugi.